Marijke BOUVARD |artiste peintre
ENTRETIEN
Peux tu commenter le choix de la formule d’Ivan Gontcharov?
« Ma vie commença par l’extinction, c’est bizarre mais c’est ainsi. Dès la première minute où j’eu conscicence de moi, je sentis que je m’éteignis ».
Plus précisément, c’est par hasard, que j’ai découvert cette formule ; c’est la question de l’intrication des pulsions de vie et de morts. Celle-ci convoque un sentiment intime et universel à la fois.Le sens artistique de mon travail, les objets primaires proteiformes à la frontière du vivant/non vivant, c’est de cela dont il s’agit aussi.
Une définition de l’artiste?
L’artiste est certainement celui qui est resté » connecté à son enfant intérieur ». J’aime assez cette idée! Il y’a une notion aussi chez le philosophe Heidegger et qui trouve son origine chez Höderlin, qui me parle assez bien avec ces notions d’ « Être-au-monde » et « Habiter poétiquement le monde », je pense que l’artiste à une façon bien personnelle «d’être et d’habiter le monde». Et il doit s’agir de quelque chose qui s’impose plus que d’un simple choix.
Qu’est ce qui te pousse à peindre?
Il y’a un tas de raisons qui m’ont amené et m’amènent à créer toujours; la création me permet de donner un sens à ma vie par exemple. On dit que le propre du philosophe est de savoir se laisser surprendre. Au fil de mes recherches, au moment où je peignais, j’ai ressentie aussi cette envie de me laisser surprendre…
Un événement marquant dans ta vie ?
Peut être lorsque j’ai passé ma soutenance en arts plastiques à Paris au domicile de mon Directeur de Recherche, qui avait sa jambe dans le plâtre. Nous étions dans le salon avec aussi deux autres membres de jury et toutes les oeuvres d’art de renom accrochées au mur du salon où nous étions installés. Sur la table, à côté de moi, on m’avait servi un verre d’eau…
Y’a til une anecdote artistique que tu aimerais raconter ?
Alors que je postulais pour un job au sein d’un petit théâtre à Paris, le directeur m’entraine au sous sol, tire le rideau lourd et épais en velour rouge sur toute la longeur de la salle et là, son assistant sans rien me dire maintenait une toile qui faisait quasiment la longueur de l’espace. Puis silence! Intimidée et interloquée, je réponds à ce silence; De quoi s’agit il?! Je vous le demande me répond t-il , et Monsieur ayant noté que j’avais étudié la période impressionniste lors de mon mémoire, recherchait un éclairage au sujet de cette toile qu’il possédait depuis plus de 20 ans et dont les recherches étaient restées vaines quant à sans savoir qui en était l’auteur…
Quelle élève étiez vous ?
Au Lycée de l’Institut de la Sainte Famille en Belgique, j’étais plutôt studieuse. J’ai bien aimé cette période de ma vie auprès de nos amis Belges, très chaleureux. J’aimais la présence des soeurs aussi, à la cantine, à la bibliothèque…J’avais reçu un premier prix, que mon professeur de religion m’avait remis devant la grande assemblée des profs et parents d’élèves! Un livre de Modigliani que j’ai encore sur mes étagères! Au sujet du cours d’arts plastiques aussi, mon professeur a dit un jour alors que je venais de terminer un projet au dessin maladroit mais au résultat final plutôt heureux; «Vous, Marijke, vous pouvez faire tout ce que vous voulez, ça réussit même quand ça rate». Ce sont des paroles que l‘on oublie pas de la part de son professeur. Les premières années fac ensuite, je suis partie en vrille complétement…
Quel est votre parcours ?
Que ce soit L’Institut de la Sainte Famille en Belgique ou encore les études de design de mode à Nancy, c’est amusant de réaliser que cette dernière école aussi, était un ancien édifice religieux situé au sein d’un parc et où les défilés de mode, se déroulaient au sein de la chapelle…Ensuite, il y’a Metz et la fac d’arts plastiques. Puis, à Paris et en tant que provinciale, j’ai été attirée par la Sorbonne mais pour la petite histoire, ma fac de Paris 8 m’a semblé plus attrayante car avec mai 68, et avant que se construise l’établissement, les professeurs et étudiants sont allés faire cours dans les bois de Vincennes… Il y’a eu aussi enfin, la fac de psycho; Paris-Diderot, renommée pour son orientation en psychanalyse.
Votre enfance ?
Non totalement déconnectée du milieu artitique puisque dans ma famille, il y’a toujours eu un peu de créativité. Mon père m’avait demandé de dessiner le jardin de notre future maison de vacances dans le sud, il y’a aussi eu le décor d’un petit théâtre, le dessin d’une guitare avec une période lutherie à la maison, l’organisation et l’animation des bals quand j’étais toute jeune enfant (Ferrat, Ferré, Brassens, Brel, Moustaki…). J’ai connu la vie citadine et la région parisienne toute jeune et j’ai vécu aussi une grande partie de ma jeunesse à la campagne au sein d’une fermette. Habitant la ville pour le moment, je fais mes courses dans les champs de Peltre (rire) et ça c’est super! Si j’avais une religion d’ailleurs, je dirais que c’est celle de la bonne table!